Quand on parle de Bourse, on associe souvent la notion "d’indice boursier".
La traduction en Américain est "indexes" et en Anglais "indices".
Un indice boursier se définit comme la moyenne, pondérée ou pas, des cours d’un panel d’actions, regroupées suivant leur pays et / ou leur
secteur et / ou leur capitalisation.
Cette définition est suffisamment large pour laisser la porte ouverte à la création de multiples indices boursiers et nous allons voir qu’il
existe en effet une multitude d’indices.
Il en existerait aujourd’hui plus d’un million... Sont-ils tous pour autant utiles ?
Non. Mais l’observation de l’évolution de certains indices ainsi que leur comparaison entre eux permet de mieux appréhender le comportement des marchés.
Pourquoi créer des indices boursiers ?
La création d’un indice boursier répond avant tout à un besoin de synthétiser l’information.
A la Bourse de Paris par exemple, il y a plus de 300 sociétés cotées.
Comment savoir rapidement si le marché a plutôt monté ou plutôt baissé ?
Facile : il suffit de faire la moyenne des 300 évolutions de la journée.
C’est une première approche très simpliste qui permet de comprendre le fonctionnement d’un indice boursier.
Derrière cette approximation grossière qui consiste à moyenner l’ensemble des évolutions des actions cotées sur la place de Paris peut se
cacher plusieurs vérités qui peuvent avoir des conséquences très différentes pour les investisseurs.
En poursuivant sur cet exemple, imaginons que la moyenne des 300 progressions soit de 1 %. Quelle situation vous semble la plus propice
à une poursuite du mouvement haussier ?
- Toutes les petites capitalisations ont monté, toutes les grosses capitalisations ont chuté
- Toutes les petites capitalisations ont baissé, toutes les grosses capitalisations ont monté
- Toutes les petites capitalisations ont monté, toutes les grosses capitalisations ont monté
La situation 3 semble évidemment plus solide.
Il est donc utile de disposer d’indices boursiers par capitalisation.
Dans le même état d’esprit, quelle situation vous paraît la plus saine ?
- Tous les secteurs ont légèrement monté, sauf le secteur biotech qui a très fortement grimpé
- Tous les secteurs ont légèrement monté, sauf le secteur bancaire qui a très fortement progressé
Là encore, un investisseur averti préférera la seconde configuration.
Il est donc utile de disposer d’indices boursiers sectoriels.
La création d’indices de bourse permet donc de mieux comprendre les mécanismes de hausse / baisse sur un marché donné. Elle permet également dans une autre mesure de comparer des pays entre eux, ou du moins l’appétit des investisseurs pour ces pays.
Méthodes de calcul d’un indice boursier
Pour créer un indice boursier, il convient de définir plusieurs éléments :
- les critères d’éligibilité à cet indice, autrement dit quelles actions vont en faire partie ;
- la fréquence de réallocation, c’est-à-dire à quels moments des actions peuvent entrer ou sortir de l’indice. En général les révisions se font sur base annuelle, trimestrielle, plus rarement sur base mensuelle ;
- la méthode de calcul pour assurer une continuité de l’indice quand une action entre ou sort ;
- la façon dont ces actions vont contribuer à l’indice, autrement dit, comment sont calculés les coefficients de pondération ;
- la façon dont les dividendes et autres Opérations Sur Titres vont affecter le cours de l’indice.
Concernant les coefficients de pondération, il existe 3 différentes méthodes de calcul :
- les coefficients équipondérés
- les coefficients pondérés par capitalisation
- les coefficients pondérés par capitalisation flottante
Exemple de calcul d’un indice boursier
Pour illustrer ces 3 méthodes de façon concrète, prenons l’exemple d’un nouvel indice que nous souhaiterions créer, celui des actions de la Bourse de Paris commençant par la lettre "O". 5 actions seulement répondent à ce critère : OENEO, ONXO, ORANGE, ORCO PROPERTY, ORPEA.
C’est une approche orientée investisseurs car elle simule parfaitement le comportement d’un investisseur, qui, par souci de diversification, aurait alloué la même partie de son capital sur chaque action.
La pondération par capitalisation prend en compte le poids de la société cotée. Pourquoi intégrer cette notion ? Parce que d’un point de vue purement comptable, en termes de valorisation pure des actifs, on ne peut pas considérer de la même façon un gain de 1 % sur ORANGE ou sur ONXEO. ORANGE pèse en effet 39 Milliards d’Euros alors qu’ONXEO n’est valorisée que 40 MEUR, soit 65 fois moins. C’est une approche plus financière que boursière.
La pondération par capitalisation flottante est une approche hybride qui tente de réconcilier l’investisseur, uniquement soucieux de la performance de son portefeuille (pour lui 1 % sur ORANGE ou sur ONXEO revient au même à partir du moment où il a investi la même somme d’argent sur ces deux actions), et le comptable, qui raisonne plus en terme de valorisation que de performance. Dans cette méthode de calcul on ne tient compte que du capital réellement échangeable en bourse, c’est ce qu’on appelle le flottant d’une action. Quid de l’estimation du flottant ? C’est là que le bât blesse car cette variable peut fluctuer indépendamment du cours de bourse. Cette méthodologie laisse donc potentiellement planer une part de flou et c’est à ce titre qu’elle est parfois critiquée.
D’une manière générale, les indices pondérés par capitalisation sont sur exposés aux grosses capitalisations et
sous exposés aux petites capitalisations, qui sont pourtant le principale moteur de la performance dans un portefeuille.
En achetant ainsi le CAC 40, un investisseur se retrouve de facto sur exposé au secteur pétrolier puisque TOTAL est la principale capitalisation
boursière de l’indice parisien. A noter que le CAC40 n'est pas le seul indice de la bourse de Paris puisqu'on dénombre plus d'une centaine d'indices boursiers parisiens.
Pour éviter une surexposition jugée "trop" importante, l’ingénierie mathématique a d’ailleurs réussi à complexifier les formules de calculs des indices boursiers par capitalisation avec des facteurs de plafonnement qui capent la pondération d’une action à un maximum de 15 %. Pourquoi 15 % et pas 14 ou 16 % ? C’est un choix parfaitement arbitraire à l’initiative du comité scientifique qui a pris cette décision.
Même si la méthode par équipondération présente l’avantage de la transparence et de la simplicité, aucune méthode n’est fondamentalement
meilleure qu’une autre, en théorie.
Il convient juste de garder à l’esprit ces différences car la méthode de calcul a un impact direct sur la performance de l’indice.
Aux Etats-Unis le DJIA est équipondéré alors qu’en France le CAC40 est pondéré par les capitalisations. Sur un plan purement théorique, toute comparaison
entre ces deux indices devrait être proscrite puisque les méthodes de calculs appliquées sont différentes. Dans la pratique, tous
les financiers et les investisseurs les comparent sans état d’âme.
Indices nus et indices de rentabilité
Un indice nu (Price Index) ne tient pas compte des éventuels versements de dividendes des sociétés dont les actions entrent dans sa composition. Le terme "nu" fait en réalité référence à un indice de la "nue propriété", c’est-à-dire dépourvu de l’usus fructus, de l’usufruit, alias des dividendes. Rappelons que la notion de propriété est une notion juridique égale à la somme des deux composantes que sont la nue propriété et l’usufruit. Le démembrement de propriété peut d’ailleurs être pratiqué par des avocats fiscalistes, sur à peu prêt n’importe quel actif, que ce soit une maison, une action... ou un indice boursier !
Cet indice nu s’oppose à l’indice dit "de rentabilité" (Return Index) , qui lui, intègre les dividendes dans son calcul. A iso périmètre, un indice de rentabilité surperforme donc systématiquement son homologue nu.
Le choix de retenir ou non les dividendes dans le calcul d’un indice boursier est purement arbitraire et relève de la seule décision du
créateur de l’indice. Seulement comme aucun consensus mondial ne s’est dégagé sur les modalités de construction d’un indice, chaque Bourse a
développé son propre indice avec ses propres règles. Par souci d’harmonisation, afin de faciliter les comparaisons et les stratégies de couverture
de leurs clients, certains émetteurs ont initié un processus de convergence et se sont mis à lancer plusieurs versions d’un même indice.
Pour le CAC 40 par exemple, la version officielle, standard, repose sur un indice nu, calculé avec une pondération par les capitalisations flottantes.
Il existe d’autres versions du CAC 40, avec une pondération équilibrée (equal-weighted, sigle EW) et / ou la prise en compte des dividendes, sans
fiscalité (Gross Return GR) ou avec une fiscalité appliquée à la source (Net Return NR).
Les différents types d’indices boursiers
La prolifération des indices boursiers n’est pas anodine : elle permet aux émetteurs d’attirer toujours plus d’investisseurs et de surfer sur les modes à l’instar des indices "Low Carbon" qui sont récemment apparus et qui sont composés d’entreprises ayant de faibles émissions de CO2.
L’industrie de la création d’indice a encore de beaux jours devant elles puisque les possibilités de création par combinaisons sont quasiment
infinies compte tenu du nombre d’action disponibles sur le marché et du nombre d’actions retenues pour faire un indice.
Il n’y a en effet aucune restriction sur le nombre minimum au maximum d’actions à intégrer pour créer un indice. La notion statistique "d’échantillon
représentatif" n’est donc pas prise en considération.
Un indice large (broad) comporte au moins une centaine de titres. L’indice le plus large qui existe est le Wilshire 5000 (ticker W5000) qui est
calculé chaque seconde et qui est composé d’un nombre variable d’entreprises puisqu’il regroupe toutes les actions des sociétés cotées sur le
marché américain.
Un indice dit étroit (narrow) en comportera beaucoup moins, à l’instar du BEL20 par exemple, l’indice principale en Belgique ou du DJIA qui ne
compte que 30 valeurs.
Sans compter que les actions ne sont pas les seuls sous-jacents à inspirer la construction d’indices. Voici les 3 grandes classes d’indices boursiers :
Indices boursiers sur matières premières
Quasiment toutes les matières premières, du pétrole au métaux en passant par les céréales, ont une cotation mondiale, spot et future, généralement sur le Chicago Mercantile Exchange (CME). A partir de ces cotations, des indices sur matières premières ont été crées. Voici quelques exemples :
- CRB Reuters-Jefferies : moyenne arithmétique des prix des contrats futures 6 mois de 19 matières premières. L’index original se basait sur le marché spot de 23 matières premières : lin (burlap) - beurre (butter) - cacao (cocoa beans) - cuivre (copper scrap) - maïs (corn) - coton (cotton) - cuir (hides) - porc (hogs) - saindoux (lard) - plomb (lead scrap) - tissu (print cloth) - verre (rosin) - caoutchouc (rubber) - huile de soja (soybean oil) - acier (steel scrap) - boeuf (steers) - sucre (sugar) - suif (tallow) - étain (tin) - blé de printemps (wheat MW) - blé dur / blé roux d’hiver (wheat KW) - laine peignée (wool tops) - zinc (zinc)
- S&P GSCI Commodity Index : indice développé par Goldman Sachs et récupéré par Standard & Poors, basé sur le même principe, sauf que les prix sont pondérés par leur production mondiale.
Indices boursiers sur actions
Beaucoup de pays ont leurs propres indices boursiers. En général il y a en un principal, qui regroupe les plus importantes sociétés cotées et qui est la plupart du temps calculé suivant un principe de pondération par capitalisation, flottante ou pas.
Ces indices internationaux sont très largement corrélés entre eux, du fait de la mondialisation des échanges et du caractère international proéminent des entreprises entrant dans la composition de ces indices.
Les indices des pays émergents échappent encore un peu à ce phénomène corrélatif, mais leur corrélation s’intensifie au fur et à mesure de leur croissance.Heureusement pour les investisseurs, des indices sectoriels ont été développés et regroupent des sociétés évoluant dans un même secteur d’activité. Pour le coup les corrélations inter sectorielles sont moins prononcées. La diversification sectorielle constitue donc une stratégie de diversification du risque plus appropriée que la diversification géographique, les deux approches combinées étant naturellement préférable.
Indices boursiers sur la volatilité
L’indice historique de volatilité est le VIX, littéralement dans le texte, le Chicago Board Options Exchange Volatility Index.
Il est calculé depuis 1993 sur la base d’une moyenne pondérée par les strike, des volatilités implicites observées sur les calls et les puts sur le S&P 500. C’est un indicateur de sentiment de marché qui traduit la nervosité des émetteurs des options puisque ce sont eux qui fixent le niveau de volatilité pour pricer les options qu’ils émettent. Les options utilisées pour le calcul du VIX doivent avoir une maturité restante - durée jusqu’à expiration - comprise entre 23 et 37 jours pour qu’en moyenne, le calcul du VIX soit représentatif de la volatilité implicite attendue sur les 30 prochains jours.A partir du moment où des opérateurs décident d’émettre des produits dérivés sur un sous-jacent, ils doivent estimer une volatilité implicite. Dès lors, il devient possible de créer des indices de volatilité sur à peu près tout et n’importe quoi.
Il existe ainsi donc des indices de volatilité sur des actions par exemple. Citons :
CBOE Equity VIX sur Apple (VXAPL)
CBOE Equity VIX sur Amazon (VXAZN)
CBOE Equity VIX sur Goldman Sachs (VXGS)
CBOE Equity VIX sur Google (VXGOG)
CBOE Equity VIX sur BM (VXIBM)Mais on trouve aussi des indices de volatilité sur des matières premières comme l’or et l’argent. Par exemple, le CBOE Silver ETF Volatility Index (VXSLV) basé sur les options Silver Trust d’iShares (SLV) et le CBOE Gold ETF Volatility Index (GVZ) basé sur les options SPDR Gold Shares (GLD).
La créativité de l’ingénierie financière va même jsuqu’à créer des indices de volatilité sur des pays, à l’instar du CBOE Brazil ETF Volatility Index (VXEWZ) ou du CBOE China ETF Volatility Index (VXFXI).
Cette foison d’indices en tous genres trouve toujours sa justification dans un "besoin de couverture" de certains opérateurs. Si ce besoin est initialement sans doute justifié par une minorité d’investisseurs professionnels qui plébiscitent ce genre de produits pour sécuriser certaines positions spéculatives, il n’en demeure pas moins que dans la réalité ces produits sont acheté et vendus par une majorité de spéculateurs de divers horizons, y compris des arbitragistes, qui peuvent par exemple arbitrer la volatilité implicite et la volatilité réelle observée.
Comment acheter un indice boursier ?
Nombreux sont les investisseurs qui se demandent comment "acheter un indice boursier".
C’est un abus de langage car en réalité l’achat direct d’un indice n’est pas possible. Une terminologie plus appropriée aurait été "comment investir
sur un indice boursier" ou mieux : "comment spéculer sur l’évolution d’un indice boursier".
Pour réponde à ces attentes, les sociétés de bourse ont évidemment apportée une réponse circonstanciée à travers l’émission de différents
produits financiers.
Deux catégories d’instruments financiers vont permettre de jouer un indice :
- les trackers, aussi appelés Exchange Traded Funds (ETF) alias fonds indiciels
- toute la panoplie classique des produits dérivés : contrats à termes alias futures, warrants, options, turbos etc.
Investir dans des instruments qui répliquent comme sous jacent un indice boursier, à la hausse ou à la baisse; peut être une bonne idée de diversification à condition que l’investisseur ait bien compris :
- la nature même de l’indice
- sa composition
- son mode de calcul
Ce sont les conditions cumulatives nécessaires pour un investissement réussi, qui répondra à des attentes soit de spéculation pure, soit de couverture d’actifs déjà détenus en portefeuille.