L’analyse fondamentale est une méthodologie d’aide à la prise de décision dans le domaine des investissements financiers. Elle peut être aussi bien utilisée par des traders pour l’achat d’actions dans le cadre d’une analyse boursière que par le PDG d’une société pour envisager le rachat d’une entreprise.
L’objectif de l’analyse fondamentale est de fournir une estimation la plus juste possible de la valeur d’un société / secteur d’activité et de ses perspectives d’évolutions moyen et long terme. Cette estimation se base principalement sur l’analyse d’éléments comptables et d’études sectorielles.
Qui fait des analyses fondamentales ?
Tout le monde peut réaliser une analyse fondamentale, mais la pertinence de l’analyse réalisée va dépendre à la fois des moyens
engagés pour sa réalisation et des connaissances comptables et financières de la personne qui va la réaliser.
Pour prétendre à la réalisation d’une analyse fondamentale performante, il est nécessaire de croiser un volume important de données,
données qu’il est parfois difficile de réunir. C’est pour cela que l’analyse fondamentale est généralement réalisée par des professionnels
du domaine de la finance : les analystes financiers.
Les analystes financiers interviennent au sein des banques, des sociétés de bourses, d’agences de notation ou encore de cabinets d’investissement privés. Leur rôle est d’analyser la situation financière et les perspectives d’une société et d'émettre sur cette base, une recommandation aussi fiable que possible, assortie si possible, d’un objectif de cours, aussi appelé prix target ou target price. On parle aussi de "valeur juste" alias fair value.
Étant donné l’ampleur des informations qu’il faut être capable d’assimiler pour réaliser correctement une analyse fondamentale, les analyses financiers se spécialisent souvent dans un secteur d’activité particulier ou sur un groupe d’actions spécifiques (rarement plus d’une dizaine de titres). En se regroupant, ils peuvent avoir une vision globale de la santé financière de tous les secteurs de l’économie. A noter que la spécialisation peut aussi se faire par pays, continents, etc.
Comment faire une analyse fondamentale ?
La méthodologie est différente en fonction de la nature de l’analyse fondamentale envisagée : on ne procédera pas de la même façon
dans le cas de l’analyse d’une société et dans le cas de l’analyse d’un secteur industriel.
Pour réaliser une analyse fondamentale d’une société, l’analyste produit une analyse aussi bien quantitative (données chiffrées) que
qualitative (qualité des choix stratégiques, renommée de la marque / des produits, etc.) et va chercher à déterminer la santé financière
de la société.
Pour ce faire, son travail commencera inexorablement par une analyse approfondie de la comptabilité de la société (bilan, compte de
résultat, etc.). Ce n’est pas la phase la plus excitante du métier mais c’est un incontournable. Que disent les chiffres... et qu’est ce
qu’il ne disent pas ? Rentabilité de la société, structure financière, investissements etc.
A la lumière de ces premiers enseignements, il interrogera ensuite si possible le PDG et / ou le directeur financier pour comprendre la
stratégie de développement, de financement, si la croissance est uniquement organique ou si certaines acquisitions sont prévues etc.
L’analyse financier doit avoir une vision aussi exhaustive que possible sur les forces et les faiblesses de la société, sur ces capacités
techniques et financières, sa R&D, son portefeuille clients, son carnet de commandes et son capital humain.
C’est à partir de tous éléments qu’il va pouvoir commencer à se forger une première opinion.
Cette opinion devra ensuite être affinée par une analyse de marché qui lui permettra d’identifier les opportunités et les menaces du marché dans lequel la société évolue : quel est l’environnement de marché, qui sont les concurrents, comment se positionne la société face à cette concurrence, quel est le mix produits / services, quelles sont les barrières à l’entrée, quels sont les risques technologiques, les risques juridiques etc.
D’un point de vue général, l’analyse fondamentale confronte toutes les informations économiques (micro et macro), sociale et sociétale. Paradoxalement, l’analyse fondamentale nécessite donc une veille permanente aussi large que possible afin d’être la plus précise possible.
Comment utiliser l’analyse fondamentale pour trader ?
Dès lors que l’analyse fondamentale a été réalisée correctement, l’analyste est en mesure de calculer ce qu’il pense être, selon ses critères et son appréciation de ces critères, la valeur "réelle" de la société, et par extension de son cours de bourse. Comme tous ces paramètres sont entachés d’une certaine incertitude, et comme les incertitudes s’additionnent, un analyste financier scrupuleux communiquera plutôt une fourchette de valorisation.
Or la valeur en bourse d’une société et sa valeur réelle sont souvent différentes, du faits d’évènements macro économiques qui
peuvent affecter les investisseurs dans leurs décisions et / ou de sur réactions aux publications.
C’est en s’appuyant sur cette différence que l’analyste va pouvoir émettre ses recommandations : si l’action est échangée à un prix
plus élevé que son estimation, alors la recommandation sera de ne pas acheter le titre et de rester en dehors, voire de le vendre.
A l’inverse, si l’action cote à un prix inférieur à la valeur intrinsèque estimée lors de l’analyse, alors l’analyse recommandera
d’acheter des actions voire d’en accumuler, quitte à surpondérer ce titre en portefeuille.
L’approche qui consiste à acheter des actions décotées, en se basant sur une analyse purement comptable, s’appelle l’investissement dans la valeur. C’est Benjamin Graham qui est à l’origine de ce mode d’investissement. Son postulat de base est double :
- i) la valeur intrinsèque de l’entreprise doit uniquement être estimée à l’aune de son bilan, de son compte de résultats et de ses perspectives de développement
- ii) cette valeur évolue peu dans le temps
- iii) il arrive que les marchés pricent mal cette valeur
C’est quand les marchés boudent des actifs de qualité qu’il convient de se positionner, et de les revendre quand le marché montre de nouveau de l’appétit sur ces valeurs qu’il a délaissées. Warren Buffet est l’exemple même de l’investisseur discipliné qui a su appliquer ce principe avec brio.
Quelques cabinets spécialisés
Toutes les banques et les "grands analystes" disposent d’une armée d’analystes financiers qui épluchent les comptes des sociétés cotées et scrutent la moindre information qui pourrait avoir un impact sur leur valorisation : Société Générale, Exane BNP, Morgan Stanley, JP Morgan, Nomura... Tous ces cabinets partagent régulièrement leur avis et dévoilent leurs objectifs de cours et leur conseils. Le problème est que c’est grandes enseignes tradent elles-mêmes pour leur compte propre. Difficile dans ces conditions de croire à une parfaite impartialité de leurs analyses. En France on retiendra deux cabinets, fervents adeptes de cette approche : l’investisseur français et les daubasses.
La philosophie de l’analyse fondamentale repose sur un principe sain de juste valorisation d’un titre. Faut-il pour autant acheter
systématiquement toutes les valeurs délaissées ? Certainement pas. Dans l’idée il vaut évidemment mieux privilégier les entreprises
rentables, solides, et avec un certain historique, plutôt que de jeunes start up au business modèle encore incertain et avec des
projections très optimistes.
Alors comment repérer ces valeurs saines mais sous cotées ?
L’analyse technique ou graphique peut être utilisée comme un premier filtre sélectif pour isoler certains titres particulièrement
massacrés.
Les prévisions de nos algorithmes sont également un moyen rapide de gagner du temps en ne se focalisant que sur les valeurs qui
devraient performer.
Dans les deux cas, l’analyse fondamentale et le ressenti de l’investisseur permettront de confirmer ou d’infirmer cette
première sélection.